
30
Jan, 2017
La transformation digitale des entreprises
Les années 80 virent l’émergence de la micro informatique, les années 90 celle du Web, les années 2000 celle de la mobilité. Après ces développements principalement technologiques, les années 2010 sont celles de la digitalisation des services et de l’industrie, c’est-à-dire du déploiement des usages numériques.
Digital ne veut pas dire simplement connecté.
Digital implique de nouvelles façons de communiquer, de produire et de manager, au sein d’un environnement où l’information est accessible et partagée, où les données sont exploitées et valorisées pour le bénéfice du fonctionnement de l’entreprise, incluant ses salariés, et la satisfaction des besoins de ses clients.
On parle de la quatrième révolution industrielle.
Concrètement, il s’agit donc de faire évoluer simultanément le positionnement, les métiers, les équipements, l’organisation, les offres et les produits de l’entreprise, pour construire de la valeur nouvelle ou remplacer celles qui deviennent obsolètes.
L’entreprise digitale
En 2016, tous les grands groupes sont déjà engagés sur le chemin de la digitalisation, et selon les résultats du «IDC FutureScape Report» publié en novembre dernier, une majorité d’entreprises aura totalement intégré le digital à sa stratégie d’ici 4 ans.
Selon le classement des Echo en date d’octobre 2016, on retrouve en tête de la maturité digitale les entreprises Engie, Orange, Société Générale. De façon générale les sociétés de service sont les mieux positionnées mais on retrouve aussi des groupes plus industriels comme Schneider Electric, Michelin, Safran ou PSA.
Loin d’un simple effet de mode, une étude de 2015 réalisée par Capgemini Consulting en collaboration avec le MIT montrait que les entreprises qui ont le niveau de maturité digitale le plus élevé sont 26% plus profitables et ont une valorisation sur les marchés financiers supérieure de 12% par rapport à leurs homologues.
Il est donc indéniable que le processus est en marche et ceux qui ne l’on pas encore compris, grandes ou petites entreprises, seront à la traine.
Ce que Caroline AUBERT, Présidente d’Elyksir, illustre très bien dans les Echo du 24 mars dernier sous le titre
« Entreprise : se digitaliser, une question de survie ».
La stratégie digitale
Si, comme pour tout changement, la transformation digitale comprend son lot de ruptures, celles-ci ne sont pas forcément violentes car les entreprises doivent composer avec leur histoire, leur culture, leurs métiers, leurs marchés, leurs collaborateurs. Il s’agit plus d’une démarche d’évolution et d’innovation, rendue possible par la maîtrise des nouvelles technologies, ce que Joseph Schumpeter expliquait par ces mots :
« la croissance est un processus permanent de création, de destruction et de restructuration des activités économiques »
Dans cet esprit, les dirigeants envisagent le digital non pas comme une surenchère de solutions technologiques mais comme une stratégie différenciante et planifiée, sur au moins un des trois axes suivants :
- Produits/services
- Organisation, outils et process internes
- Relation clients et business model.
Dans l’étude « La transformation digitale des entreprises, les bonnes pratiques » (Edition Eyrolles), David Autissier et Emily Metais-Wiersh montrent, au travers du retours d’expérience de cinq entreprises représentatives de secteurs économiques différents, que les ingrédients de cette réussite digitale sont identifiés et concernent principalement :
- Des dirigeants engagés
La conviction et l’implication du top management, qui proposera une vision claire et forte, sont les fondements d’une transformation digitale réussie. Erigée, portée et positivée par ses dirigeants, la feuille de route digitale montrera l’ambition de l’entreprise et l’engagement de ses responsables.
Ce que George Westerman, professeur du MIT et co-auteur d’un autre rapport confirme en ces termes : « Il faut plus que des investissements financiers pour réussir la transformation digitale d’une entreprise. Cela requiert leadership et vision de la direction générale ».
L’étude montre que, même s’il porte sa part de risque, cet engagement, au-delà de l’effet d’entrainement nécessaire, est porteur d’une image valorisante (vision et modernité) pour l’entreprise et ses dirigeants reconnue par ses clients et collaborateurs.
- Des managers et collaborateurs impliqués
En second lieu, il est nécessaire de mettre en route et donner un élan à l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise, pour leur faire envisager les potentialités permises par le digital et les rassurer.
Expliquer, accompagner, former les collaborateurs, au premier rang desquels les managers, permettra de leur apporter sérénité et renforcer leur engagement, dans un projet où les points de repère, les processus décisionnels, les outils, éventuellement les lieux, rythmes et organisation de travail peuvent évoluer.
Présentée en octobre 2016 par le cabinet de conseil en organisation et management Julhiet Sterwen et l’Ifop, une étude basée sur un panel de 1301 participants, a montré que 53 % des collaborateurs et 63 % des managers, ont le sentiment de vivre une révolution avec la transformation digitale, mais une évolution perçue de façon plutôt positive, à la fois pour les salariés (68 % positifs) et pour l’entreprise (74 %).
Au-delà de l’aspect « technologique » (l’usage de nouveaux équipements et de nouveaux logiciels), les collaborateurs perçoivent dans la transformation numérique l’occasion de développer de nouvelles façons de travailler (47 % des salariés) et de nouvelles compétences (38 % au total, 46 % pour les managers).
- Un écosystème élargi
L’exploitation de la donnée, en particulier de la donnée client, comme capital de savoir ou capital immatériel, implique un décloisonnement des activités internes de l’entreprise comme 1er axe d’élargissement de l’écosystème. Une plus grande transversalité des process et des échanges sera organisée alors que les équipes informatiques se rapprocheront des métiers.
Le client étant au centre des préoccupations de l’entreprise, sa collaboration, de façon directe ou indirecte est souvent requise et constituera le deuxième axe d’élargissement.
Enfin, dans cet environnement fortement basé sur l’innovation, des collaborations externes seront salutaires et constitueront le troisième axe, en particulier en direction des entreprises comme les start-up dont la créativité et la vitalité sont des sources d’inspiration et d’opportunité.
Une entreprise plus agile
La réussite de la transformation digitale dépendra donc de la capacité des entreprises et de leurs collaborateurs à apprendre à fonctionner au sein de ce nouvel écosystème, et imaginer de nouveaux modes de fonctionnement.
Ce qui semble faire leur preuve en la circonstance s’appelle test & learn, démarche participative, plateau projet. Ils sont fortement inspirés des méthodes agiles et développent au sein des organisations un esprit entrepreneurial à tous les niveaux.
Avec une démarche itérative et des cycles courts, ces modes de fonctionnement permettent à l’entreprise d’être plus réactive face aux évolutions externes et plus dynamique pour ses collaborateurs.
Une nouvelle perspective
Les outils numériques sont une réponse et non une fin en soi. C’est pourquoi, la transformation digitale implique d’abord de repenser la stratégie de l’entreprise, ses objectifs marketing et commerciaux pour ensuite mettre en place une organisation et une culture adaptées.
Elle place le client au centre des préoccupations, le salarié au centre de la décision pratique et le top management en chef d’orchestre éclairé et engagé, afin de créer de nouvelles perspectives pour l’entreprise.
Références : “La transformation digitale des entreprises, les bonnes pratiques” David Autissier & Emily Metais-Wiersch (Edition Eyrolles); www.business.lesechos.fr; www.idc.com/events/futurescapes; www.julhiet-sterwen.com/