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Fév, 2019

L’isolement du dirigeant est plus fréquent qu’on ne le croit mais est-ce une fatalité ?

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Une très intéressante étude publiée par BPILab et réalisée auprès de 2.398 chefs d’entreprise, montre qu’environ la moitié des dirigeants de PME et ETI souffrent d’un sentiment de solitude et que prés de 15% sont en risque de burn out.

Même si l’information n’est pas complètement nouvelle pour qui côtoie ces dirigeants, ces chiffres, loin d’être anodins, interpellent et méritent d’y prêter attention.

Qu’est-ce qui déclenche le sentiment de solitude ?

« Les décisions importantes de stratégie qui engagent le développement de nos entreprises ainsi que le doute sur ses propres décisions » témoigne un chef d’entreprise.

Et Olivier Torrès, professeur à l’université de Montpellier et président de l’observatoire de la santé des dirigeants Amarok, d’expliquer : « Notre culture survalorise et héroïse les fondateurs de sociétés, renforçant le mythe du patron seul maître à bord qui ne doit montrer aucune faiblesse ni doute.»

 

Car être dirigeant, c’est-à-dire au sommet de la hiérarchie, oblige à prendre des décisions lourdes, à jouer avec des informations confidentielles, à être le responsable légal et financier (on parle bien des dirigeants de PME et ETI) de toute une entreprise, quand il n’est pas aussi le responsable technique et/ou le seul commercial.

 

La peur de faire des erreurs, le manque de connaissances ou de compétences dans certaine situation (même un super dirigeant aura du mal à être l’expert de toutes les situations) renforcent l’enfermement du dirigeant qui se sent seul, incompris ou démuni. Les psychologues appellent ce syndrome la “solitude” ou la “tour d’ivoire” du dirigeant.

 

Quand dans le même temps « certains considèrent le dirigeant comme un loup qu’on devrait abattre, d’autres pensent que c’est une vache que l’on peut traire sans arrêt, peu voient en lui le cheval qui tire le char» pour paraphraser Winston Churchill.

 

Mais les dirigeant eux même ont leur part de responsabilité car, pour certains, le sentiment d’isolement est un prix à payer, une contrepartie inévitable du pouvoir, comme un adoubement à la fonction dont ils pourraient même avoir la tentation de tirer une certaine fierté.

En réalité, cette solitude révèle une fragilité, un dysfonctionnement au sein de l’entreprise, source de malaise pour le dirigeant comme pour ses collaborateurs.

 

Pour quelles conséquences ?

Dans un monde de plus en plus incertain et complexe, ce comportement engendrera inévitablement à long terme des conséquences nombreuses et graves.

Pour le dirigeant lui-même pour commencer : Perte de concentration, anxiété et stress pouvant déboucher sur des maladies de type ulcère ou burn out, mais aussi isolement social ou perturbation de sa vie familiale.

Au sein de son entreprise ensuite : Perte de réactivité, hésitation, absence de décision ou décision prise dans la précipitation, manque d’écoute, enfermement, manque d’anticipation, manque de recul et perte de vue des priorités.

Les conséquences indirectes sont alors faciles à imaginer : Démotivation des collaborateurs, insatisfaction des clients, pertes financières et globalement d’efficacité de toute l’organisation.

« Le doute est l’ennemi des grandes réalisations ». disait Napoléon Bonaparte

 

Alors que faire pour ne pas en arriver là?

Par bonheur les remèdes existent et ils sont nombreux.

  • Savoir s’entourer et prendre des conseils auprès d’un coach ou d’une compétence externe, est la solution qui arrivent en tête (47%) pour les dirigeants interrogés dans l’étude PBILab
  • Adhérer à des réseaux pour partager son quotidien et profiter de l’expérience de ses paires est une solution adoptée par 45% des dirigeants interrogés
  • Solliciter son réseau et ses proches qui auront une écoute bienveillante pour clarifier ses idées et amorcer des solutions
  • Trouver des relais internes comme un second, un associé ou un comité de pilotage avec lesquels partager les décisions, sont des solutions simples à mettre en œuvre
  • Faire de la stratégie pour sortir le nez du guidon, se projeter vers l’avenir et redonner du sens pour soi et ses collaborateurs, voir innover
  • Se former
  • Savoir faire des pauses professionnelles et s’organiser des activités de loisir pour se changer les idées

Sont autant de recettes complémentaires qui apporteront des remèdes pour la santé du dirigeant et par voie de conséquence pour la santé de l’entreprise.

 

Et la fatalité dans tout cela ?

La fatalité serait donc finalement de ne rien faire !

Mais «le chef d’entreprise doit prendre conscience que lui seul peut déconstruire son isolement » insiste Olivier Torrès, et le plus difficile pour le dirigeant sera d’abord d’admettre sa vulnérabilité et de s’en ouvrir à d’autre afin de lui permettre de sortir de cet engrenage pernicieux.

Concernant le recours à un conseil externe, si de nombreux dirigeants hésitent à y avoir recours (retour sur investissement difficile à anticiper, choisir un partenaire de confiance, offre importante et expériences variables, etc.) l’enquête de la BPILab montre que plus les dirigeants recourent aux conseils et plus ils en sont satisfaits.

Pour augmenter ses chances de succès, plusieurs précotions s’imposent :

  • Cibler vos besoins
  • Raisonner en investissement et non en cout
  • Choisir des spécialistes plutôt que des généralistes
  • Préférer des seniors qui comprendront mieux vos difficultés et vous apporteront leur retour d’expérience
  • Avancer par étapes et fixer des objectifs
  • Ne pas hésiter à introduire une part de rémunération au résultat quand cela est possible

 

Alors, dirigeants, à vous de jouer, car “La fatalité, c’est l’excuse des âmes sans volonté.” Disait Romain Rolland prix Nobel de littérature en 1915.

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